UT4M XTREM « L’aventure à la maison »

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Allez hop c’est parti je vais essayer de ne pas faire comme la dernière fois avec mon Grand Raid de la Réunion 2017 ou j’ai tellement tardé à écrire les premières lignes, que finalement j’ai pas du tout fini mon récit pourtant commencé !

10 jours que ce 2ème Ultra Trail XXL vient de se finir, il est temps de se replonger dans l’aventure pour témoigner, analyser et se servir de ce retour d’expériences qui en plus d’être utile pour les prochains évènements, sera un récit sympa à relire dans le futur qui sait !

Malgré le non récit de mon Grand Raid 2017 (je le finirai bien un de ces 4), j’ai quand même réussi à tirer certaines leçons essentielles avec des points positifs et négatifs à améliorer. On apprend beaucoup plus de ses erreurs. Le GRR était le premier Ultra Trail XXL donc une grosse part d’inconnue au niveau psychologique et physique. Même si les conseils avisés de l’ami Samuel ou de mon frère était là pour me donner les bases, il faut néanmoins se confronter par soi-même à ce genre d’aventure.

Pour faire un retour rapide, pas mal de stress et de pression sur cette diagonale des fous qui reste néanmoins une superbe expérience avec son lot de désarroi et de bonheur. Au final pour une première, j’ai quand même fini en un peu plus de 41h, plus que mes espérances affichées mais ça apprend du premier coup à rester humble.

Un mal de ventre jusqu’à « mare à boue », des temps de pauses longuets (4h30 en tout) avec 2 siestes de 20mn sur le parcours. Une cheville en vrac à cause d’une grosse inflammation aux releveurs droits à partir du 100 km (trop serré mes pompes), une montée du Taïbit chaotique suite à un gros coup de chaud, pas très bien mangé sur le parcours (tombé à 74kg à l’arrivée 78-79kg au départ) une 2ème partie de parcours difficile où tu limites la casse car assez atteint psychologiquement.

Bref, depuis la reprise en décembre janvier l’objectif de cette année était l’Ultra Tour des 4 massifs avec 2 courses longues de prépa : l’ultra tour du Haut Giffre (87 km 6400D+) mi-juin et le trail de l’étendard (avec ses 65 km et 3700D+) 3 semaines et demi avant. Un hiver cool et un printemps aussi cool avec 2 petites «coursettes » dans le coin pour se mettre un peu de rythme.

Le tour du Haut Giffre a été très dur pour moi avec chute et crampes dans les montées… par contre l’Etendard une superbe course à une bonne allure tout le long avec à l’arrivée une 6ème place. Pas du tout mal aux jambes après la course et pas cramé du tout.

Un peu quand lorsque je faisais du vélo, je sais que je n’ai pas trop un gabarit de grimpeur avec mon mètre 94 et mes 80kg. Du coup cette année je me suis décidé à travailler une vitesse de croisière un peu plus élevée et le travail des descentes. J’ai finalement fait très peu de VMA (une fois je crois à Bachelard) juste du fractionné sur terrain vallonné. En regardant mes stats j’ai finalement fait moins de kil et en rapport un peu plus de dénivelé. Moins de sorties longues mais j’ai travaillé en qualitatif avec des répétitions de côtes, montées descentes, travail en endurance active quelque soit le profil … Le dernier point important a été l’intégration de séances de Bodyweight pour un renforcement général harmonisé.

Pour l’UT4M je ne me suis pas pris la tête, en plus je connais 80% du parcours étant Grenoblois, juste une inconnue du refuge de la Pra – Freydières – Saint Nazaire et si aussi la descente sur Saint Paul de Varces pour rejoindre vif.

Après ma dernière course et avant l’Ut4M c’était les vacances au Portugal avec décompression et juste le maintien de sorties régulières un peu rythmée pas très longues (mais parfois sous la canicule).

A peine rentrée de vacances, reprise du boulot donc pas vraiment le temps de me plonger dans la course. Je me suis penché sur le roadbook 2 jours avant essayant d’estimer les temps de passage pour l’assistance des parents qui seront présents. Je pars sur 35h pour un temps très optimiste et 40h pour un temps de passage réaliste (ayant mis 41h et quelques pour mon premier/dernier Ultra).

J’ai préparé mes sacs assistance pour vif (très light avec un tee-shirt manche longue, pass montagne), Rioupéroux (changement de tee-shirt, crème, chaussures et nourriture solide) et Saint Nazaire (comme pour Rioupéroux les shoes en moins). Les parents ont toujours de quoi grignoter et boire sucré, salé et coca. Prévu cette fois ci des sandwichs salés et des gels de caféine pour avant et pendant la nuit.

Moi qui d’habitude cours toujours au cardio, je me suis dis 3 jours avant que je le laisserai à la maison et j’essayerai de me concentrer sur mes sensations et faire cet ultra au feeling. En plus comme celui-ci déconne ça allait plus me gêner qu’autre chose ou ne pas me servir au final.

 

Le Départ à Seyssins

« Comme un air encore de vacances… »

Changement par rapport à l’an dernier. Le cadre est idéal dans le parc F. Miterrand. Grosse pelouse où l’on peut attendre dans de bonnes conditions avec la famille. En plus c’est cool il restait un tapis de plage dans la voiture… on se serait presque cru encore en vacances. Je me fait 2, 3 allers retours car l’orga à mis à disposition café et gâteaux histoire de patienter … comme cela je ne risque pas d’hypo !

A 40 mn du début de l’aventure le speaker nous appelle pour aller dans le SAS de départ avec un contrôle du matos obligatoire. Déjà effectué la veille … mais rebelote. L’UT4M ne rigole pas avec le matos obligatoire. On est un peu en mode tortue ninja mais c’est pour tout le monde pareil et on ne sait jamais donc … 😀

En tout cas c’est moins la cohue qu’au départ du Grand Raid 500 participants ça se bouscule moins. Je me place dans les 50ème sur la ligne de départ et serein.

A 16h05 le départ est donné, allez hop c’est parti pour 170 km 11000 D+ et de D- sur 4 massifs. On se fait une petite boucle dans le parc histoire de « frimer » un peu au milieu des familles et des encouragements… c’est cool de partir !

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Assez rapidement je me remémore un peu les principes de bases que je me suis fixés : ne pas s’emballer, ne pas partir vite, les minutes gagnées au début se transforment en heure perdues si on se crame, on boit bien ses 600ml / heure et on mange bien toutes les heures également.

Devant certains partent vite, je prends mon rythme je laisse passer quelques coureurs mais je reste dans les 50ème, ce qui à l’air de correspondre à mon allure.

La montée est régulière et tranquille pour monter à Saint Nizier, on traverse 2, 3 fois le route histoire de faire coucou aux parents. Je garde les bâtons dans le sac sur ces premiers 10 kil. Arrive déjà la montée du tremplin, c’est vrai que je ne la connais pas celle là car je prends toujours du côté du sentier écologique pour monter au Moucherotte. D’ailleurs certains coureur se sont plantés et déboulent du sentier écologique 😀 ; Allez c’est le moment de tester les bâtons. Une montée au rythme avec une foule déchainée et en haut le premier ravito (ah ok je pensais que c’était à saint Nizier mais c’est au tremplin) allez hop on recharge en eau on mange 2 bouts de banane et on repart.

 

Saint Nizier 13,2 km – 1h35

« On sort petit à petit de sa bulle »

(Dans les 50ème ayant rajouté du temps à tout le monde les classements ne sont pas fiables jusqu’à Riouperoux sur le site UT4M. Les conditions ayant changé nous n’avons pas fait Chamechaude alors que les 10 premiers si. Ils nous ont rajouté du coup 36mn de pénalité, pour les points ITRA je suppose… donc ça sera approximatif jusqu’à Rioupéroux).

On fini la dernière partie plus raide sur le Moucherotte, je monte sur un rythme tranquille en prenant le temps de discuter avec Paul (T-mobile Style) et un autre coureur qui avait mis 35h l’an dernier et fini 15ème. Il me dit qu’il est dans ses temps et qu’il espère faire la même chose. Bon ben si je le vois encore dans 100 bornes je serais peut être sur mon estimation optimiste alors !

Sur la descente qui rejoint Lans en Vercors je déroule un peu. L’idée est de ne pas se ruiner les muscles en descente mais de ne pas perdre de temps voir en gagner tout en restant souple et laissant jouer la gravité sans s’emballer.

 

Lans en Vercors – 21,2 km – 2h51 (entre 45 et 50ème)

« Le mur du 30ème kilomètre ! Déjà ? »

J’arrive avec mes 2 comparses au ravito, 3mn de pause on recharge et on repart… j’apprend quand même en papotant que lorsqu’il a mis 35h et 15ème l’an dernier, l’UT4M avait bifurqué directement après croix de Chamrousse sur Freydières évitant refuge de la Pra et Grand Colon et n’était pas monté à Chamechaude …ah ouais ?? .. Bon ben on verra alors !

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Sur la montée du Pic Saint Michel une petite monotonie commence à arriver, la descente arrive rapidement sur Saint Paul de Varces et la nuit commence à tomber. Personne ne s’arrête pour sortir la frontale et on arrive au ravito en mode lynx et franchement en ne voyant pas grand chose !!

A Saint Paul de Varces (km 31), petit ravito ou je m’arrête 5 mn histoire de bien remplir les flask et de mettre ma frontale. Je repars pas super en forme … le mur des 30 bornes ?… merde j’espère que je ne suis pas parti trop vite sans m’en rendre compte.

Je grimpe la montée au train en économisant ma frontale … en mode 10% dans les montées et 20% dans les descentes. La rallonge Ferei, n’est pas terrible quand on tourne la tête, la connexion déconne et la lampe s’éteint. Ça m’avait fait ça au Grand Raid et en plus je mettais le faisceau au taquet ce qui m’avait value la 2ème nuit une montée du Maïdo sans frontal, à la lumière du téléphone presque déchargée et à suivre des coureurs. Cette fois-ci pas de connerie on économise l’énergie !

 

Vif – 39,9km – 5h43 (toujours entre 45 et 50ème)

« Vercors 1 – Tibo 0 »

Bon j’arrive pas terrible terrible sur la première base de vie, j’ai l’impression d’avoir cramé pas mal de cartouches et d’avoir un peu de mal à récupérer sur le plat et en descente. Aie aie aie :-/

Les parents sont là je leur dit me de booster pour repartir vite. Je prends le temps de bien me changer car on va attaquer l’Oisans et monter en altitude. Je prends des bananes, pâtes de fruits et je recharge en eau gazeuse et eau plate. Je décide de partir pour ne pas perdre de temps en mangeant mon sandwich en avançant. Coût total de l’opération pour le manger 20mn… oulala j’alterne machouille et gorgée d’eau pour le faire glisser … déjà du mal à gobber la nourriture. Bon il faut en être honnête j’ai pas trop la frite sur cette partie… allez c’est pas grave on prend un rythme un peu moins soutenue et on essaye de récupérer. Je connais bien la portion j’ai fait l’UT4M Oisans l’an dernier avec une belle 3ème place… ça va moins vite cette année mais ça c’était prévisible 😀

 

Laffrey – 53,5km – 8h21 (dans les 40ème)

« Soigner le mal par le mal »

Le constat depuis Saint Paul de Varces jusqu’à maintenant : coup de moins bien. Allez je décide de prendre de la soupe de vermicelles, de m’assoir 5 mn, je recharge en jus de pomme + eau et en eau gazeuse. Je vois également Luca PAPI en plein ravito… je lui glisse ça y’es tu commences ta remontée, il me répond avec un grand sourire. Je repars direction la Morte. Ça continue à grimper sur une pente régulière, je me retourne de temps en temps et je vois quelques lumières qui naviguent dans le noir. Cette partie n’est pas la plus excitante et je me dis que de la faire de nuit n’est pas si grave….On contourne l’Alpe du Grand Serre, un des KV le plus réputé et ce n’est pas plus mal de la contourner et de ne pas aller voir la haut si j’y suis…pas !

A peine sortie de mes pensées je vois une lumière jaune se rapprocher de plus en plus et assez rapidement. Oula je dors ? Je suis collé ou bien ? A ce moment là je vois débarouler Luca Papi, 2, 3  mots échangés et je me dis que je vais tenter de prendre son rythme. On commence à engager la conversation, je lui dis que ce n’est pas la grosse forme depuis quelques heures. Sa réponse : « il faut que tu accélères et fasse monter le cardio, ça va te réveiller, vas y essaye » c’est l’heure ou si tu ralenties ton rythme tu t’endors progressivement et c’est de plus en plus dur…. Hum ? Quoi accélérer ?? Allez pourquoi pas, il a une solide expérience et tant qu’à faire autant tester des choses, au pire je le laisse filer si je sens que ça va trop vite….Quelques minutes après je sens qu’on est dans un bon rythme et en fait il a raison, les sensations reviennent, Luca me dit « il faut courir sur les parties en faux plats c’est là qu’on grappille » … « beaucoup de gens ne courent pas dans l’Oisans et c’est là qu’on rattrape du temps » ! Notre vitesse ascensionnelle est à 1200 m/h me balance Luca. Il relance et je le suis aisément reprenant même du monde devant. On cours dès qu’on peut et on se relais. On gobe littéralement les petites montagnes russes et les lumières de la morte arrivent finalement très vite.

 

La Morte – 65,2 km – 10h17 (39ème)

« Requinqué et concentré seul au cœur de la nuit »

On se retrouve à une petite dizaine de coureur au ravito… on pose les bâtons à l’entrée dans un truc à parapluie (faudra faire gaffe de pas prendre les mauvais en partant… enfin la mauvaise taille car il n’y a que des Leki !!!). Je reprends direct de la soupe de vermicelle et rempli les gourdes. Les coureurs trainent un peu alors je décide de repartir, je me dis que partir avec 2,3 mn d’avance sur le pas de la vache c’est pas si mal comme ça ils reviendront sur moi un peu plus tard. Je fais un signe à Luca en lui disant que je prends un peu d’avance. Après 2,3 blagues aux bénévoles, c’est reparti pour un gros morceau !

Je reste sur mon rythme et les sensations sont bonnes. J’attaque le « pas de la vache » et je regarde ces quelques lumières hautes dans le ciel et ces quelques loupiotes en bas dans le noir … La montée se fait bien c’est la 3ème fois que je passe ici… Il fait nuit noire. Plus on grimpe et plus on sent le froid et le vent. Une centaine de mètres avant le sommet malgré la nuit intense et noir, se dessine une mer de nuage blanche et on devine toutes les montagnes des alentours. En haut du pas de la vache il y a un bénévole, un guerrier plutôt car vu le climat et la gelée qu’on devine sur les herbes par terre il en faut également du courage.

Allez c’est parti pour une descente technique vers le lac de Poursollet. Bien content d’avoir réussi à avaler cette portion dans de bonnes conditions et puis finalement personne ne m’est encore revenu dessus. En redescendant on commence à arriver dans ce qu’on peut vraiment appeler une purée de poids… brouillard à couper au couteau sur un passage technique ou le faisceau de la frontale dessert autant qu’il nous sert… bref on voit que dale ! Heureusement c’est bien balisé mais même avec ça il faut être vigilant car on peut s’égarer du chemin (enfin c’est une façon de parler car il n’y a pas vraiment de chemin). Personne devant personne derrière…tout seul dans le froid et la brume au bout de 12h de course on se sent vraiment tout petit et finalement fragile.

Je ne me désunis pas en essayant de perdre le moins de temps possible car on perd pas mal de temps avec ces conditions. Je reviens sur un trailer que je sens un peu désemparé râlant sur la non visibilité. Je le vois souvent s’éloigner du tracé… je passe rapidement devant et je lui demande si ça va ? Il bougonne un peu… je lui dis de s’accrocher derrière car à 2 ça sera plus sur ! Mais rapidement je vois le faisceau se dissiper et en plus on attaque une partie plus raide et devenue très glissante. Le temps est long mais je reste concentré, c’est galère pour tout le monde de toute façon.

 

Lac de Poursollet – 76,2 km – 13h01 (34ème)

« La douceur de l’aurore »

Le lac de Poursollet arrive, je n’utiliserais pas le mot se dessine car c’est trop brumeux. Ouf ça fait du bien après plus de 2h30 de voir un peu de chaleur humaine… On ne change pas une technique qui marche, je me pose sur un banc me réchauffant avec ma petite soupe de vermicelle. On lutte toujours à manger les pâtes sur la fin qui restent au fond de la tasse. Une bénévole demande qui veut du café… ça me fait sortir un peu de mon coin et je cri mwaoa… fausse joie il n’y en a plus… allez c’est pas grave un peu de théine fera l’affaire.

Direction la montée du lac Fourchu … je sais qu’il y en a pour une grosse demi heure et après on commencera à se rapprocher de la terrible descente de Rioupéroux. En haut de la montée je vois la lumière de Luca revenir rapidement sur moi… il a remis le turbo … en haut le jour commence à se lever sur des petits singles au milieu de cette steppe alpine… J’essaye de rester dans le sillage de Luca mais il va vite et est fluide. Je perds un peu de temps mais je le garde en ligne de mire.

 

Chalet de la Barrière – 82,8 km – 14h33 (32ème)

« Cassage de fibres musculaires »

Allez cet endroit marque le départ d’une bonne session de cassage de fibres musculaires… j’arrive au chekpoint et je décide d’enchainer, la base de vie est juste en bas, juste à 1400 m en dessous :-D. Luca disparaît volant dans la descente… je suis un coureur qui descend à une bonne allure. Sur cette descente il faut essayer de descendre sans y laisser trop de plumes. La pente est raide, il y a des racines … la première partie se passe bien mais au bout de 30 mn non stop dans des pentes à 30% ça commence à piquer quand même. Je n’essaye de ne pas trop y penser, j’essaye une technique chinoise en essayant de ne pas penser ni au temps et à la douleur et puis de me dire « on arrivera en bas quand on arrivera » sans regarder la montre.

L’an dernier j’en avais vraiment chié mais à la fin c’était la délivrance et le podium… là finalement c’est dur mais soutenable, la tête joue beaucoup et puis ce n’est pas le moment de se relâcher car on arrive tout juste à la moitié du parcours.

 

Riouperoux – 88,2 km – 15h21 (31ème)

« Oisans 1 – Tibo 3 »

La base de vie est en face à la Salignière juste avant le début de la montée du KV. Quel contraste avec ces dernières heures avec une foule de coureurs qui vont s’élancer pour le challenge et pour le 40 de Belledonne… beaucoup d’encouragements qui hérissent les poils et réchauffent le moral. Je me dis que je dois avoir une tête de déterré en croisant le regard des gens, mais c’est cool la moitié de faite et je me sens mieux maintenant qu’en arrivant à la première base de vie… comme quoi en Ultra on ne prédit de rien !

A Rioupéroux, je retrouve l’assistance des parents et je fais un point à mi parcours. Premier constat : j’ai quand même 1h30 d’avance sur mon meilleur temps estimé à ce moment là et c’est bon pour le moral ! (Les parents ont dû se lever un peu plus tôt du coup mais c’est pour la bonne cause 😉 A Rioupéroux c’est changement de maillot, nettoyage du visage et des jambes, soupes de vermicelles, recharge de la montre et petite pause allongée de 5 mn sur un banc car j’ai un petit mal au dos quand même. Je change de chaussures, chaussettes également pour repartir « frais ». En temps normal cela ne fait pas une gosse différence mais au bout d’une quinzaine d’heures de course et d’une nuit dehors sans dormir toutes les petites attentions et ces petits détails sont démultipliés et exponentiels. C’est même assez fou, cette sensibilité accrue. Mais attention cela marche aussi dans le sens inverse. De taper une petite racine ou un petit caillou anodin peut se révéler comme une épreuve pouvant durer de longues minutes et cassant le moral. Un peu comme si notre moral quelque part enfoui dans notre cerveau était un véritable punchy ball encaissant tous ces aléas.

Au bout de 5 mn mon père vient me dire « ça yé ça fait 5 mn » … je me dis : «  hein déjà ? » j’ai l’impression de m’être allongé il y a 30 sec. On en reparlera plus tard aussi mais ça aussi c’est un phénomène à ne pas oublier : l’espace temps avec la fatigue physique et psychique est complètement différent. Les secondes paraissent des minutes, les minutes se transforment en heures. Souvent on a l’impression d’avoir passé 3,4 mn au ravito, tu te dis même, avec une certaine fierté, que tu as fait un ravito express comme dans une GP de formule 1, et bien non après coup tu regardes et t’as airé quasi 8,10 mn pour choper un peu d’eau et tenter de manger 3 bouts de banane !!!!

Allez hop je décide de me bouger, car d’une part ça fait 25mn que je suis arrivée à la base de vie et aussi pour essayer de partir avant le départ des courses du jour pour attaquer la terrible montée de Rioupéroux un peu dans ma bulle et de reprendre mon rythme sans l’euphorie des départs et des coureurs.

Je suis acclamé au départ, car tous les spectateurs attendant le départ des courses, voient un dossard rouge s’élancer sur le KV et m’encouragent… c’est cool.

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Bon ce KV je le connais bien je me le suis enchainé 2,3 fois ces 3 derniers mois. Je me dis que je vais le monter à mon rythme car après on attaque Belledonne et sa technicité. Pour le coup la montée de Rioupéroux est raide 3,4 km à plus de 30% mais pas trop technique et les bâtons aident vraiment dans ce type de côte.

Au bout de 10 mn de grimpette j’entends le coup de départ des challengers … bon je risque de prendre le vent dans quelques minutes. Au 2/3 du parcours en contrebas je vois 2 challengers qui montent vraiment très vite. Là tu te dis j’aimerais bien avoir leur jambes à ce moment là… non, non c’est pas le moment de penser à des conneries car y’en a un paquet qui vont te doubler à partir de maintenant. A peine sortie de mes songes que je vois Florentin qui mène la danse et qui m’encourage car on se croise de temps en temps dans la montagne ou sur des courses. Jusqu’à la fin de la montée une bonne cinquantaine de coureurs (peut être plus) me double toujours en m’encourageant.

Finalement j’aurais mis un peu moins d’1h40 pour monter le KV et arrivée sur le plateau de l’Arselle au prochain check point… donc la montée s’est bien passée.

 

Arselle – 92,3 km – 17h31 – 24ème

« En Belledonne… on fait comme on peut »

Petit ravito express sur le plateau de l’Arselle avec la satisfaction d’avoir passé ce KV finalement dans de bonnes conditions. En fait je me suis mis en mode pilotage automatique sans trop réfléchir, sans regarder la montre, connaissant bien le chemin et ça la fait ! Je recharge en eau et coca et je vois Luca qui prend souvent le temps au Ravito ! Un petit coucou et je lui dit à tout à l’heure car la connaissant il risque de revenir … en fait non Luca arrêtera à la fin de Belledonne pas encore remis de son coup de moins bien chopé après la Transka à la Guadeloupe.

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En 3 mn je repars et je sais que la portion moins dur sur le papier est néanmoins redoutable. Le massif de Belledonne est très technique et on progresse difficilement. En repartant de l’Arselle je vois une flopée de coureur avec des dossards orange. Je me dis « tiens Chamrousse a organisé une course en même temps que l’UT4M » ou bien « c’est un groupe d’un stage » etc…. je vais mettre quasiment plus de 30 mn à réaliser qu’il s’agit en fait des coureurs du master. Quand je réalise cela je me dis que la lucidité n’est pas à 100% à ce stade de la course :-D. Du coup je devrais surement croiser Cathy qui s’est engagée sur le 100 kil sur le massif de Belledonne. Jusqu’à la Croix je fais le yoyo derrière les Masters qui vont un poil plus vite que moi dans les montées mais qui par contre me ralentissent dans les descentes ! En plus, doubler dans Belledonne demande du jus qu’on préfère conserver précieusement. Donc tant pis je prends mon mal en patience en n’étant pas vraiment dans mon allure.

 

Croix de Chamrousse – 97,5km – 18h48 – 24ème

« Belledonne chahute avec nous »

Arrivé à la croix c’est un peu le bordel … beaucoup de participants un épais brouillard, il fait très froid et le ravito est sous tente où tout le monde piétine pour choper un fond de soupe et d’eau. Je décide de me changer et tout le monde me bouscule, faisant tomber sacs, bâtons et affaires… pas très cool comme ambiance et à ce moment là tu as envie de balancer un «faites gaffes un peu » mais pas vraiment la force non plus. Après tout c’est vrai j’ai actuellement l’équivalent de ce qu’ils auront à la fin de leur course !!! Donc un peu de respect 😀 !

Je galère à mettre mes gants, à sortir mes affaires mon imper etc… il fait froid et les mains sont glacées en plus de la fatigue.

L’UT4M est une belle course mais l’enchevêtrement des coureurs sur le parcours c’est pas top top notamment au bout de 100 kil… on verra plus tard que c’est pas fini non plus !

Je repars direction le refuge de la Pra toujours sur un rythme décousu et en discutant quand même avec 2, 3 gars du Challenge qui ont l’air un peu impressionné de voir des gars du Xtrem à leur même allure. Le fait de discuter fait passer le temps un poil plus vite sur cette partie qui semble longue vis à vis des quelques kilomètres à parcourir.

 

Refuge de la Pra – 103,6km – 20h27 – 25ème

« Prendre son mal en patience et avancer »

Qu’est ce que je vous disais à propos de Belledonne, 11km 1000 D+ depuis l’Arselle et quasi 3h de course … ça piétine ça piétine !

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Alors la pause express moins d’une minute pour une fois le ravitaillement se fait à l’envers 😉 il fait froid donc pas besoin de reprendre beaucoup de boisson j’en ai encore assez. Allez c’est parti en direction du Grand Colon et après ça sera la longue descente jusqu’à Freydières dans un premier temps puis Saint Nazaire dans un second temps !

La montée se fait tranquille je reste dans les baskets des masters, certains appellent leur famille d’autres commencent à râler, certains se mettent sur le côté, d’autres encore manquent de nous balancer des cailloux sur la tête en tentant de doubler dans la montée. C’est vrai que c’est chiant d’être avec du people mais par contre ça commence à devenir rigolo et je ne suis pas le seul à galérer… du coup c’est un peu vicelard mais ça aide à aller mieux (de rire pas de voir les autres galérer 😉

Nous voilà arrivés au sommet du grand Colon point culminant de cette UT4M Xtrem (2390m). Maintenant on va redescendre jusqu’à Villard Bonnot qui est à 200m d’altitude… ça fait une bonne descente et plus de 2000m D- d’affilé ce n’est pas anodin je peux vous le garantir. Déjà quand je fais un Moucherotte au printemps la descente peut piquer les cuisses sur la fin, mais là avec 106 km dans les pâtes ça va être sympa.

Sur la descente technique du début je décide de suivre des coureurs qui vont vites. Au détour d’un virage je vois Paul qui revient sur moi. Il a troqué sa belle tenue rose des T-Mobile contre des vêtements plus chauds. On fait la descente ensemble et petit à petit la température remonte. On papote pas mal sur nos états de course sur le dernier massif et demi. On arrive sur de la piste forestière puis sur la route. Freydières n’est plus très loin. Je commence à sentir mes releveurs côté droit et une douleur sous la plante du pied. Ah le bitume ça tape on essaye de garder une foulée sans trop de choc mais c’est pas évident. Il commence à faire chaud et je ne veux pas m’arrêter avant Freydières où les parents seront là. Du coup je remonte un peu les manches, je retrousse le bonnet et tente d’ouvrir la veste qui se coince toujours dans la fermeture éclair. A ce moment là, tu sais que le style n’a vraiment pas d’importance, on recherche le confort quel qu’en soit le prix. L’esthétique devient secondaire !!!

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Freydières – 113,8km – 22h21 – 21ème

« le D- compte tout autant que le D+ »

Arrivée à Freydières les parents sont là. Je décide de faire ma traditionnelle soupe de vermicelles d’enlever mes vêtements chauds et de repartir sans trop tarder (7mn quand même). Je veux à tout prix en finir avec ce 3ème massif.

La descente continue avec son lot de pentes raides qui attaquent bien les cuisses. Certaines parties sont toutes droites dans la pente et à ces moments tu jures dans ta tête. Mes releveurs me font mal à droite, j’ai encore dû comme au Grand Raid trop serré ma chaussure à droite. En même temps je me dis que j’ai lavé mes chaussures avant la course pour qu’elles soient belles (esthétisme dont tu te passes allègrement à ce stade là comme mentionné ci-dessus) et qu’elles ont dû rétrécir un peu. Assez lucide pour te dire qu’il faut les délasser un peu, mais grosse flemme de le faire… on verra à Saint Nazaire.

Arrivée à Villard Bonnot, fin de la descente… yeah ! Je recommence à avoir envie de sucré… incroyable, je me jette sur les bonbons et je mange mon snicker …et ça repart pour une partie tout plate de 6,5 km pour rejoindre Saint Nazaire les Eymes. Allez hop 40 mn pour tester ton degré de lassitude. A ce moment là je me dis que de toute façon : « les montées c’est dures », « les descentes ça explosent les cuisses et les releveurs » et « le plat c’est chiant »… en d’autres termes si tu prends le côté négatif des choses ben c’est la merde encore pendant quasi 10h :-D.

Je réussi à non pas apprécier la chose non plus mais à me déconnecter et à me satisfaire de ce que je fais depuis le début. Je conserve un bon rythme, je suis en avance sur mon timing, la course est dure pour tout le monde et je suis entre 20 et 30 (je sais pas exactement à ce moment là). Plus que la place qui dépend du plateau c’est mon temps qui me réconforte. J’essaye vraiment de positiver à ce moment là et ça fonctionne plutôt pas mal.

 

Saint Nazaire les Eymes – 127,3 km – 24h16 – 19ème

« On garde le rythme sur ce dernier Kv »

C’est avec satisfaction que j’arrive à Saint Nazaire avec un public toujours bien présent. Je vais me faire une bonne pause pour repartir dans les meilleures conditions pour cette dernière partie.

Je zones un peu au début vers le ravito et je reprends vite mes esprits pour essayer de m’activer un peu. Je retrouve les parents et profite d’un bon massage du père notamment sur les releveurs qui sont bien douloureux. Je me ravitaille bien un red bull et je vérifie que j’ai bien tout pour affronter la dernière partie de cette course. La Chartreuse je connais bien … du moins après le col de la Faïta on va dire que je connais quasiment le moindre cailloux.

Après 25mn de pause je repars juste derrière un groupe de master. Tout le début de la montée je les garde à 100m. ils ont un bon rythme, je fais un petit effort pour revenir dans leurs bâtons et me caler à leur rythme. On rattrape pas mal des gens du master. Ah à ce moment là je descends et monte quasi ou plus vite qu’eux 😉

La montée de la Faïta se fait à un rythme qui me va bien la deuxième partie est moins raide et l’idée est de ne pas trop perdre de vitesse. Un des 2 masters qui mène depuis le début commence à craquer et ils décident de s’arrêter. Je continue mon petit bonhomme de chemin remontant les masters qui coincent un peu.

Je commence à apercevoir le sommet et j’arrive à l’Emeindras … ah le dernier gros morceau est passé après il restera que des côtes qui feront moins de 1000 de D+ héhé.

J’avais un peu chaud en bas car parti avec un tee shirt manche longue mais là le temps est frais, doux avec un joli soleil qui est vraiment très agréable. On va arriver au Habert de Chamechaude réputé pour sa folle ambiance.

 

Habert de Chamechaude – 139,3 km – 27h37 – 18ème

« On lâche rien ! »

Allez un gros bol de soupe de vermicelles. Je mange des fruits et je bois du coca. Il faut bien se ravitailler pour la montée.

Au même moment les bénévoles nous informent que les conditions en haut de Chamechaude sont mauvaises, vent et très froid et ils décident de nous éviter la montée. Certains coureurs du master commencent à dire « ah mince » moi j’avoue que gratter 2 kms et 300 D+ en moins ne me gène absolument pas … en plus je la connais bien la montée et la vue et je n’apprécierai pas comme il se doit !

En repartant j’aperçois deux dossards rouge 2 anglais ou hollandais du Xtrem. J’ai vu qu’ils m’ont repéré aussi au dernier ravito et repartent à un bon rythme. Je me dis que je vais les garder pas trop loin de moi et si je peux j’essayerais de revenir sur eux dans les descentes.

Après le « col de porte » la nuit commence à tomber, les 2 de devants s’arrêtent pour sortir leur frontal et j’en profite également pour faire de même. Argh j’ai remis mes affaires n’importe comment à Saint Nazaire et la frontale et les câbles sont entremêlés. Je décide de prendre ma recharge à pile et d’enlever la rallonge en remettant la recharge sur la tête … moins confort mais comme ça j’aurais peut être pas de coupure de jus.

Là j’ai perdu pas mal de temps mais revient petit à petit sur les 2 rouges et au moment de la jonction un des 2 bloque ou casse un de ces bâtons … ils s’arrêtent et je ne les reverrais plus du coup !

Je ne me souvenais plus que pour arriver au foyer du ski de fond c’était aussi long. On passe un peu dans la ville mais on ressort puis ça remonte puis ça descend… je n’arrive même pas à savoir où je suis exactement au Sappey. Avec la tombée de la nuit, le manque de lucidité se fait plus sentir et il faut se reconcentrer.

 

Le Sappey en Chartreuse – 151,7 km – 29h15 – 14ème

« Positiver, tout optimiser et rester concentrer »

J’arrive au Sappey avec pas mal de monde et les parents qui sont « toujours » là. Je recharge rapidement en eau mange des brochettes de bonbons (et oui faut se faire plaisir avant tout) et je repars en moins de 3 mn. J’ai la lucidité de ne pas trainer donc je le fais. Je sais qu’il reste juste 2 petits coups de cul et après c’est surtout de la descente jusqu’à Grenoble. Je me projette la dernière partie du parcours avec ses difficultés mais la fin se rapproche petit à petit.

Avant d’attaquer la montée du Saint Eynard je vois un coureur qui revient sur moi avec 2 gros bouts de bois, une casquette verte et un dossard rouge. « Hey salut », tiens voilà un copain, on papote ensemble et rapidement on se présente. Alexandre effectue son 2ème ultra trail XXL. « Ah ouais moi aussi » …. Je lui dis que mon premier c’était en octobre dernier à la Réunion … ah ouuii ? Lui aussi… ça se passe comme ça en ultra trail, parfois au bout de 30h de course tu tombes sur un mec qui a fait les mêmes choses que toi, comme ça et c’est spontanée … bref on va se taper les dernières bornes ensemble. Il me dit qu’il ne voulait pas prendre de bâtons que « bâtonner » c’est triché mais que finalement il a abdiqué avec ces 2 gros morceaux de bois. Certains coureurs du master le chambre un peu mais on se soutient mutuellement côte à côté, lui plus efficace dans les montées et moi dans les descentes.

A ce stade d’un Ultra, on ne se ment plus et on en a pas besoin, on le sent, tout se voit, on est en mode cramé mais une force qui vient d’on ne sait où nous aide à en finir et on ne lâche rien. Je lui fais une petite rétrospective de la fin du parcours que je connais par cœur.

On attaque la descente du Saint Eynard à fond les ballons … non c’est pas vrai … on descend exactement comme il ne le faut pas ; le buste en arrière, on talonne, les jambes bien raides marchant sur des braises … un peu comme les 2 bouts de bois de « casquette verte ».

Et pour couronner tout ça, un peu comme lors de la traversée de Belledonne on entend crié de l’arrière « à gauche » … une fois 2 fois puis ça ne s’arrête plus. Des coureurs qui descendent eux à fond, nous forçant à dévier de notre trajectoire qui était le seul réconfort à ce stade de cet ultra, pour minimiser les secousses et les chocs qui se répercutent dans l’ensemble de ton corps. Qui sont ces coureurs qui descendent à fond et nombreux à plus de 22h ???

Olalala oui j’ai entendu parlé d’une course nocturne cette année … bon ben d‘accord ça va être encore un défilé. Alors vraiment rien contre ces coureurs que l’on envie par autant de fraicheur et qui nous encouragent tous un par un… mais franchement on se serait bien passé de tout ça ! Encore un point négatif pour l’orga. C’est sur on ne joue pas la gagne mais c’est psychologiquement dur !

 

Col de Vence – 158,7km – 30h46 – 13ème

« J’hallucine de tout ce chemin parcouru»

Bon on ne va pas se lamenter car on arrive déjà au Col de Vence, dernier ravito avant l’arrivée à Grenoble. Les parents toujours pleins d’encouragements. Un regard vers Alexandre, allez on repart, on ne traine pas !

LA dernière remontée sur la piste qui mène au Rachais se fait un peu en mode zombie… de très légère hallucination avec la fatigue et le faisceau de la frontale. Je me cale dans le rythme d’Alexandre… allez la fin est proche.

On bascule enfin en haut du Rachais et on voit Grenoble, ses lumières nichées au milieu de ses montagnes, ses 4 massifs. Une mini rétrospective de l’aventure commence doucement à se mettre en place, tu te dis ‘tain j’étais là bas puis là… waouh c’est pas si mal quand même… je regarde un peu ma montre pour une fois l’allure n’est pas top 8’00 min au kil (ouch 2 fois plus lent que d’habitude) mais 31h et quelques de course … allez soyons honnête, c’est bien mieux que tout ce que j’aurais pu espérer … un top 15 en 32h pour quasi 170 kil et 11000 de D+. Là, je suis heureux et fier de cet ultra, le 2ème et à la maison.

Je sais qu’Alexandre me parlait un peu mais j’étais dans mes pensées et je ne répondais pas tout le temps … la fatigue, les douleurs, les pensées m’ont fait perdre un peu mon civisme sur la fin 😀

Nous voilà dans les rues de Grenoble pour un baroud d’honneur (un peu long mais c’est ainsi) je crois que j’avais le sourire gravé sur le visage. On passe devant les bars enivrés et les boites de nuits avec des gens bien éméchés ne marchant plus très droit… tient en fait, un peu comme nous ! Un petit clin d’œil aussi en passant vers minuit devant l’Arkange … y’a 5 ans j’aurais bien pu m’y croiser… et je me dis qu’il y a des petites comparaisons assez personnelles mais : « il y a du chemin parcouru » !

Toujours côte à côte nous arrivons enfin au bout de l’aventure, une petite acclamation par les accompagnateurs. On se présente devant le dernier pointage … allez honneur à la jeunesse 😉 une belle 13ème place ex-aquo… on nous fait signe de courir vers l’arche, on s’élance comme un premier kilomètre les bras en l’air et en criant … mais pas la foule en délire que nous attendions… l’arche dans le noir, le speaker parti on ne sait où et les gens endormis… bon ben ça sera pour une prochaine fois l’arrivée en fanfare !

 

Grenoble – 169,2km – 32h19 – 13ème Ex-aequo –       11000 D+ D-

« L’alchimie des sentiments »

« Well done dude » un check vers Alexandre qui s’allume une clope à l’arrivée et qui me lance un « bon ben à dans 2 ans dans le sas élite de l’UTMB » heu oui enfin à bientôt surement. Pas de médaille mais un lot d’un sponsor un peu court pour mes bras !

Voilà c’est fait, Finishier… Finisher ? Je me dis que c’était dans mes cordes depuis le Grand Raid. On peut toujours finir (sauf gros problème) ce que l’on commence si on en a la volonté. Mais après c’est comment le faire ? Dans quel état ? Comment vit on l’aventure ? Surtout par rapport à l’idée que l’on s’est faite de cette aventure ? De nature optimiste je vois toujours de belles choses, j’espère de belles choses ! Mais lorsque la réalité dépasse ses espérances… on s’évade dans ce moment magique, on se sent léger, heureux, malgré une réalité physique toute autre. Les 170 kms ne nous paraissent pas si impossible et interminable. On se surprend à se dire « c’est déjà fini » ? Je sens que la fatigue, physique et psychique, reprend vite le dessus et que mes yeux se ferment ! C’est normal, mais certaines choses vont rester gravées au plus profond de mes synapses ! On est capable d’être connecté à 200% et de tout sentir et ressentir. Mais aussi de se déconnecter pour oublier, ne pas sentir et tenter d’accélérer le temps. Beaucoup de contradictions, de fusions, de haut et de bas mais qui génèrent une alchimie de sentiments difficilement palpable que j’ai encore envie de découvrir. De belles expériences, je l’espère, sont encore à venir !

 

Un grand merci à Khaldia, Malya, Annie et Michel

 

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2 commentaires sur “UT4M XTREM « L’aventure à la maison »

  1. Très joli récit Tib, on s’y croirait !
    Les courses à quelques kilomètres de chez soi ne sont pas plus faciles que celles à l’autre bout de la terre, peut être même plus dure car c’est si facile de rentrer à la maison ! Bravo, en attendant d’en faire une belle ensemble bientôt 😊

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